2-Le départ

20 janvier 2010

Je suis sûr que je devais faire ce voyage, à tout prix! J'ai toujours eu peur de tellement de choses, ça m'a pourri la vie. Partir à l'étranger, prendre l'avion... ce n'est pas pour moi! Mais, je rêve quand même...

Et puis un jour je vois sur internet une annonce pour un stage en Guinée avec Famoudou Konaté. Whaou! Le rêve! Famoudou, l'Afrique, le Djembé... Ça doit être génial! Comme il y a peu d'informations et histoire de rêver un peu, j'envoie un mail pour en savoir un peu plus... Je sais très bien au fond de moi que je ne sauterai pas le pas. Je reçois une réponse de l'organisatrice, Hélène Bond une Américaine,  qui me donne des renseignements complémentaires et qui termine son message en m'indiquant... "vous êtes bien inscrit pour le stage"!!!!!!

A partir de ce message, tout s'enclenche rapidement, je ne réfléchis plus et ...

 

 

 Le grand jour est arrivé… 14 ans que je rêve de l’Afrique, 14 ans que chaque jour je fais chanter des chants africains aux enfants dans les écoles, que je leur montre des instruments venant de là-bas, que je joue du Djembé, que j’écris sur ce pays, que je peins des tableaux de paysage d’Afrique quand mes rêves deviennent trop forts…

 

Premier grand voyage pour moi… je ne suis jamais parti... je n’ai jamais pris l’avion… je n’ai voyagé que dans ma tête… et j’ai beaucoup voyagé comme ça.

 

Ce n'est pas sans problème que je peux enfin partir: situation politique qui nous fait changer de destination (le stage était initialement prévu à Conakry en Guinée), Air France refuse de changer la destination de mon billet ou de me faire un avoir, je suis obligé de réinvestir dans un billet, merci à tous ceux qui m’ont aidé.

 

Je pars avec Alain, c'est lui qui m'a enseigné mes premiers rythmes... la boucle est bouclée. Je lui ai parlé du stage et rapidement il s'est inscrit, ça m'a beaucoup rassuré de ne pas partir seul.

 

Gournay-en-Bray levé à 3h, départ à 4h15 direction l’aéroport d’Orly. C’est Alain qui conduit, il connait la route, on traverse Paris, j’aperçois l’Arc de Triomphe… et puis toute la débauche des grands groupes médias (TF1 and Co) avec des tours rutilantes. Je suis étonné de l’éclairage qu’il y a, à cette heure ci dans tous les immeubles qui abritent des bureaux . Eclairage pour qui ? Pourquoi ?

Très peu de circulation, nous arrivons rapidement à Orly.

Je rentre dans un aéroport pour la première fois de ma vie!

L’aéroport est très calme, on attends, on avait prévu large au niveau du temps de trajet.

L'embarquement est assez long, on doit quitter vestes, foulards, ceintures… tout est regardé… je récupère mon sac de cabine en tenant fermement mon pantalon pour qu’il ne finisse pas sur mes chevilles.

 

Les personnes qui me connaissent bien savent que je stress pour pas mal de choses: quand il y a du monde, quand je ne peux pas tout maîtriser, quand je suis dans un nouveau lieu, mais là... non, malgré tous les longs moments d’attentes. On est emmené en bus sur les pistes jusqu’à notre avion, nous voyageons avec Air Mali. Je fais mes premiers pas dans un avion un Mac Douglas... de l'extérieur je le voyais beaucoup plus grand que ça. Je m’assois près du hublot et là… j’ai eu deux petites secondes de claustrophobie et puis plus rien.

L’avion démarre, le départ approche. Après un long tour de piste, puis une grosse accélération, l’avion décolle…

Bien! Plus possible de changer d'avis, c'est parti, le voyage commence. Les nuages sont très bas et la couche est épaisse, on les traverse pendant un long moment, aucune visibilité, puis l’avion redresse et là c’est magique, j’ai le nez contre le hublot…

 

Nous arrivons rapidement à Madrid pour une escale afin de ravitailler l’appareil en essence.

C’est la dernière ligne droite vers l’Afrique…

Nous survolons le désert, la Mauritanie, des étendues de sable à perte de vue.

Puis on amorce la descente vers Bamako. Je ne vois pas la piste... Les roues touchent le sol, l'avion roule, s'arrête et les portes s'ouvrent à 19h30. Une bouffée de chaleur entre dans l’appareil.

Nous rentrons dans l’aéroport, on nous presse, on nous donne des papiers à remplir alors que nous avons la tête ailleurs. Je suis tellement impatient de voir cette Afrique dont je rêve depuis si longtemps.

 

Me voilà à la douane, au contrôle, je ne peux pas aller plus loin à cause d'une rature sur mon visa. L’officier me dit que ce n’est pas bon… je me décompose un petit peu, puis au bout de 10 minutes à tripatouiller mon passeport, il me laisse passer... ouf!

Pour récupérer les bagages c'est la bousculade, les Maliens qui reviennent au pays nous double allègrement dans la file, ce n’est pas grave on tient le bon bout, même si je commence à être fatigué par le vol. On doit passer les bagages dans un scanner qui tombe en panne devant moi. Tant pis, on passe sur le côté pour faire contrôler les bagages avec nos tickets. Malheureusement impossible de vérifier les miens car les étiquettes ont été arrachées, on me fait mettre sur le côté, puis une petite bousculade avec des chariots me pousse en avant, alors je sors avec la foule sans me faire contrôler… et je mets mon premier pas en Afrique... au Mali, à Bamako.

 

De nombreuses personnes surgissent, ils veulent nous aider, nous proposer un taxi, mais nous sommes attendus par l'organisation du stage. Au milieu de la foule et des panneaux on lit sur l’un d’eux: « Famoudou Konaté », c’est la délivrance au bout de ¾ h dans cette aéroport où j’ai cru que je ne sortirais jamais.

 

5 personnes nous attendent, nous demandent si nous allons bien et  nous arrachent quasiment nos sacs pour nous aider à les porter. Nous montons dans un mini-van, sortons du parking et là c’est le choc... 

Il y a une activité folle, du monde de partout au bord mais aussi sur la route, des gens qui traversent de tous les côtés, dans tous les sens, les voitures qui doublent à droite, à gauche, s’arrêtent quasiment au milieu de la route. Dans les phares de notre véhicule il y a un nuage de poussière, poussière de la terre de Bamako, poussière qui va beaucoup me manquer à mon retour. Il y a aussi de nombreuses motos, avec une, deux, même trois personnes dessus, tous sans casque.

Après ½ h de rodéo, de coups de klaxon, d’appels de phare nous arrivons dans le quartier Magnambougou faso Kanu à Bekaso, notre villa pour un mois.

 

 

 

 

Nous rencontrons l’organisatrice du stage, Helen Bond une Américaine qui nous montre notre chambre. Nous serons les trois français du stage ensemble. La chambre est sommaire, trois matelas posés au sol avec des moustiquaires pendues au plafond.

Puis j’entends la porte de la chambre d’en face qui s’ouvre, une petite silhouette sort et s’approche, c’est Famoudou, qu’elle joie de le revoir! On parle un moment, très humble, il est toujours étonné par l’admiration que les gens lui portent.

 

 

Helen nous propose de manger. Je suis vite mis dans l'ambiance Africaine, elle me tend son assiette pour que je mange avec elle. Puis des notes s’échappant d’une Sanza m’ arrivent aux oreilles. Je sors dans le patio, Famoudou est en train de jouer, il y a plusieurs personnes que je ne connais pas encore, autour de lui.

 

Voilà l’Afrique dont j’ai rêvé qui commence à s’offrir à moi: sous le ciel étoilé de Bamako, je tape des mains en rythme sur une douce mélodie et une magnifique voix se fait entendre... celle de Fanta la griotte de Famoudou.

 

Extinction de la lumière dans la nuit bruyante de Bamako…

 

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