A la croisée des chemins sinueux
asphalte torturés, dispendieux à souhait
regards fugaces, pupilles latentes
iris sur les pieds
poussière qui caresse le regard
au fond des yeux
pluie d'automne
Je le sais, je te sens, je fais les cents pas
tout comme toi
sans toi sans personne
on se touche, se bouscule
langue au rendez-vous des absents
je suis comme toi
tu es comme moi
nous sommes
la somme de quoi?
Nous avançons, nous prenant les galoches de l'émoi
dans les cailloux et la gueule dans le fossé
ah! tu es là toi
tout ce monde sur la route, sur les routes
et toi, et toi, et toi... et toi!
tu es là toi aussi dans les longues files
à perte de temps, m'as tu vu?
Mais déjà au premier croisement
je vomis des doutes, je crache des rêves
au premier choix d'une trêve
je fais tomber mes consolations dans la boue
elles se mélangent aux tiennes
aux vôtres, aux nôtres
et nous sommes tous là
les genoux en prière
à s'écorcher les doigts dans la vie
Nous n'avons fait que fuir...
Textes et peintures : Jean-Noël Pion