L'infante à l'âme défunte
A toi l'infâme femme au cœur de pierre
qui s'écaille et divague en opprobres nauséeuses
Tu ne mérites pas l'ascèse de mon regard embrumé
sec d'avoir trop écrit à l'encre lacrymal
Tous ces barbelés, qui sortent de ta bouche
en éclat de voie toute tracée de soumission,
lacèrent ce petit corps fragile de coryphée larmoyant
pour mieux atteindre ta jouissance stérile
Même un collier de corde ne t'émeut pas
alors tu en offres sans compter, quitte à te ruiner
jusqu'au dernier souffle de ma carcasse frêle
qui souffre et plie sous ta véhémence punitive
J'avancerai droit devant avec mes bras protecteurs
drôle de bouclier fissuré pour parer tes coups bas
A toi l'infante à l'âme défunte, labre frigide,
qui se terre dans les méandres abjectes de tes croyances souillées
Je te conchie de la haine que tu sèmes subrepticement
avec l'aide de tes pantins décérébrés, odieux à souhait
Je m'écorcherai le corps, abandonnerai tous les lambeaux
d'une peau tatouée des stigmates de ta fausse compassion
Que la manne dorée à souhait que tu sembles aduler
te ronge de l'intérieur. Oh chants de Maldoror
Hausse le ton jusque dans les arcanes de l'enfer
c'est la seule demeure qui accueillera ta dépouille si austère
Baisse les yeux sur l'aversion qui marque le sol
à chacun de tes pas sporadiques, dénué de toute raison.
Je fais mon chemin, jour après jour, vomissant mes tripes
sur mes choix d'être intègre, prisonnier de ma haine
J'avance au delà des limites de mon possible
Mental de travers, ecchymoses à l'âme vagabonde
Je me suis levé de bonne heure, jeté les dés débonnaires
trahissant mes paroles enfantines tant de fois ressassé
J'ai courbé l'échine, le front sur le goudron du quotidien,
les muscles lacérés, la peau tailladée et
le cerveau entièrement balafré
Mais j'ai fermé les yeux, accompli chaque tache
sans rime, sans rêve mais avec rage
Les dents serrés pour ne pas mordre aveuglement
tout ceux qui se dressent devant mes faiblesses
hurlant leurs serments appris par cœur
sans moindre mesure, l'absurde ne les réveille pas
Ils avancent pauvres marionnettes sordides
avec la main putride qui les manipulent
Je ne peux rompre les fils acerbes
qui les font gesticuler comme des moulins à vent
Ils brassent l'écume grisâtre et abondante
qui stagne à la commissure de tes vieilles lèvres
Décharge ordurière qui déborde de mots assassins
Chaque reflux qui sort de cet antre obscur et lâche
atteint sa cible comme une pointe de flèche acérée
dégoulinant d'un terrible poison.
A toi l'acariâtre frustrée par le déroulement de ta propre vie
tu fulmines, rumines, ta piètre existence morne et monotone
tu montres le chemin comme tous ces prêcheurs de bonne foi
bonnes paroles, belles phrases, belles morales
Mais tu oublies, oublies bien facilement
Liens du sang ou sans lien, drôle de filiation entre le bien et le mal
Mots contre maux, haine viscérale contre solitude carcérale
Gardien et juge pour une justice unilatérale
Condamné à perpétuité dont une vie avec sursis
Contrôle judiciaire morale contre acte suicidaire normal
Normal, normal, drôle de numéro :
un funambule en équilibre suspendu par le cou
Tu apprécies ce spectacle, tu en redemandes
Tes dents scintilles faisant apparaître le sourire d'une vipère
Qui est ce serpent qui siffle et s'entête
Je t'écraserai la tête si c'est la seule solution
Reste terrée à ruminer, échafauder des plans
pour piquer ce que j'ai de plus précieux
Ton venin ne nous atteint plus. Tu n'es plus rien.
Tu n'es rien. Rien
Rien
Jean-Noël PION